“Je me promenais sous la pluie. Il faisait froid mais l’air était printanier. Ça sentait le macadam mouillé. Je pensais à toi, à moi, à nous. Au temps qui passe.

Et puis, je les ai entendus. Même quand il pleut, les oiseaux chantent.

Pourtant, eux aussi sont mortels. Peut-être est-ce parce qu’ils n’ont pas conscience du temps qui passe ? Chaque fois que je te vois, que je pense à toi, je me rappelle que le temps passe. Que chaque seconde devient un souvenir.

Alors, je pense aux oiseaux. J’entends la pluie.

Et je sens l’odeur du macadam mouillé.”

Même quand il pleut les oiseaux chantent

Images extraites de la série “Même quand il pleut les oiseaux chantent”, réalisée à partir de 2020.

Comment peut-on rester soi-même quand les gens que nous aimons changent ou lorsque nos souvenirs disparaissent ? Que signifie "la réalité" en sachant que nous ne pouvons jamais l'appréhender dans sa globalité, étant toutes et tous sujet.te.s à des biais cognitifs liés, entre autres, à notre parcours ou à des problèmes de santé? Au final, que nous reste-t-il à part des photographies du "bon vieux temps" ?

Lorsque ma grand-mère a été diagnostiquée “Alzheimer”, la communication avec elle est devenue de plus en plus difficile. J'ai donc décidé d'utiliser la photographie comme un nouvel outil pour entrer en contact avec elle et capter son attention. Quand je lui rendais visite, j'emportais avec moi de vieilles photographies, des feutres et mon appareil photo pour tenter de créer un nouveau dialogue avec elle et la ramener dans l’instant présent. Ce projet à quatre mains est un témoignage notre relation.